LE PARCOURS SANS TACHE D’UNE BLOUSE BLANCHE


LE PARCOURS SANS TACHE D’UNE BLOUSE BLANCHE

Et si le CHAN manquait de linge propre? Impensable, car la blanchisserie veille au grain. Plongé dans ce service sans lequel l’hôpital serait dans de beaux draps.

La blouse blanche portée par le corps médical serait pour les patients et patientes une marque de fiabilité. Un effet rassurant qui se dissiperait pourtant bien vite si, au lieu du blanc immaculé, la blouse était d’un beige douteux. Si le personnel du CHAN a un linge propre, c’est grâce au traitement et à la distribution du linge assuré par la blanchisserie. Sa mission ? Traiter quelque 2,7 tonnes de linge par jour en assurant une qualité d’hygiène irréprochable ainsi qu’un approvisionnement régulier et fiable.

Une journée ordinaire

Nous constatons des taches de sang sur notre blouse blanche et décidons de la placer dans le sac blanc prévu à cet effet pour les tenues professionnelles sales du service. Avant de la mettre dans le sac, nous vérifions les poches pour nous assurer de ne rien avoir oublié, pour éviter qu’un agent de la blanchisserie ne se pique avec une aiguille usagée oubliée. Le lendemain, notre blouse blanche se trouve déjà dans l’armoire à linge du service. Nous nous étonnons de la rapidité avec laquelle elle a été, lavée, pliée et rendue prête à l’usage en si peu de temps. Nous nous demandons alors quel est le circuit suivi pour qu’elle arrive ici si rapidement.

Pour trouver ce que nous désignons comme le “service de l’ombre” qui a pris en charge notre blouse blanche, il faut descendre au niveau -1. En arrivant à la blanchisserie où travaillent 14 des 17 membres du personnel, nous voyons un chariot sur le point de décharger son lot de linge sale. Des sacs de différentes couleurs s’empilent sur le chariot. Les draps se trouvent dans les sacs bleus, tandis que les serviettes de toilette (nid d’abeille) et de table sont dans les sacs orange, ainsi que les taies d’oreiller. Les couvertures sont stockées dans les sacs jaunes, le linge des résidents est dans les sacs verts, et tous les articles en éponge (serviettes et draps de bain) ainsi que les bavoirs sont dans les sacs gris (voir le pré-tri du linge dans la Gestion Électronique des Documents). Notre blouse blanche est rangée dans un sac blanc. D’autres couleurs ornent également le chariot qui sera entièrement désinfecté peu de temps après.

Le linge est ensuite trié, en fonction de la couleur du sac, dans la zone d’accrochage du linge sale afin de faciliter la préparation des charges de lavage. Les charges varient de 30 kg pour les plus petites (vêtements professionnels) à 42 kg pour les plus grandes (draps). Une fois la charge prête, elle est placée sur une voie de lavage comprenant quatre lignes distinctes. La première ligne est réservée aux draps, la deuxième au petit linge, la troisième aux articles séchés (couvertures, éponges), et la quatrième concerne le linge en forme (vêtements professionnels). Notre blouse, presque blanche, est ensuite transportée depuis la quatrième ligne vers un tapis roulant permettant le chargement du tunnel de lavage.

33 minutes pour un lavage irréprochable

Prochaine étape : lavage et désinfection, assuré par un tunnel de lavage de 11 mètres de long traitant quelque 500 à 700 kilos de linge par heure. « Ce rendement est obtenu par un savant équilibre entre la température de lavage, les produits chimiques, la force mécanique des machines et le temps de contact. Tout linge hospitalier étant considéré comme potentiellement contaminé, les produits que nous utilisons sont donc fongicides, virucides et bactéricides », détaille Michael Walry, le responsable de la Blanchisserie. En trente-trois minutes, le linge est entièrement traité, désinfecté et essoré. Mais, pour savoir comment les produits chimiques sont savamment dosés, il faut se rendre dans une autre pièce où se trouve la centrale de distribution automatisée de produits lessiviels. Un nouveau système, installé en 2023, assure le dosage automatique de détergents liquides pour le tunnel de lavage. Auparavant, la préparation de la solution mère était réalisée manuellement. « Désormais, le mélange est entièrement automatisé ça veut dire que tous les produits présents dans la pièce sont liquides, pompés par la machine et conduits directement vers le matériel de lavage (tunnel et laveuse essoreuse) », explique Michael. Le produit est ainsi réparti selon les besoins dans le tunnel de lavage.

Revenons à notre blouse blanche qui avance vers le tunnel de lavage composé de 9 compartiments. Michael explique : « C’est comme si nous avions 9 machines à laver successives, chacune avec une fonction spécifique. » Toutes les 220 secondes, notre blouse blanche progresse d’un compartiment à l’autre. Dans les deux premiers compartiments, un agent mouillant est injecté pour détacher les taches du textile. Dans le troisième et quatrième compartiment, la blouse monte en température tandis que de la lessive et un renforçateur alcalin sont ajoutés pour éliminer les taches grâce à un mouvement mécanique. Ensuite, dans les compartiments 5, 6 et 7, un neutralisant est envoyé pour annuler les effets des produits précédents et ramener le pH à la normale. Dans le huitième compartiment, la blouse est rincée, et dans le neuvième, un dernier produit est ajouté pour blanchir, désinfecter et essorer le linge. Les taches de sang présents sur la blouse ont disparu.

Une fois essoré, le linge arrive en zone propre et est orienté sur la ligne de production adaptée. Ces lignes de production sont au nombre de trois :

• Le linge plat, tel que les draps, les serviettes de table et les taies d’oreiller, est acheminé vers le train de repassage. Il s’agit de linge simplement essoré et non séché.

• Le linge séché, comprenant des couvertures, des bavoirs, des draps de bain, et le linge des résidents, est ensuite dirigé vers des séchoirs avant d’être plié à la main ou sur la plieuse mixte acquise en novembre 2022.

• Le linge en forme (tenue professionnelle et chemise d’opéré).

Automatiser pour réduire la pénibilité

La blouse blanche poursuit ensuite sa folle course, direction le secteur « finitions ». Au fond de la grande salle, difficile de manquer l’étrange ballet de centaines de vêtements qui, suspendus à un rail au plafond, dansent au-dessus des têtes d’un agent. Son rôle ? La mise sur cintre des habits. Là encore, cela va vite : 1 200 vêtements professionnels accrochés par jour. « Nous réfléchissons toujours à la façon de réduire la pénibilité du travail. Le personnel occupe chaque semaine un poste différent et les équipements sont pensés de manière ergonomique et adaptable lorsque cela est possible. Enfin, les tâches les plus difficiles sont de plus en plus automatisées», poursuit Michael. Car la technologie ne cesse d’optimiser l’activité de la blanchisserie, comme en témoigne un autre poste du secteur qui pli automatiquement le linge ; on révérait d’avoir cette machine à la maison.

Une qualité irréprochable

La ronde de vêtements au plafond est quant à elle convoyée vers une plieuse, puis stockée en vue de  sa distribution. Chaque pièce est entièrement tracée grâce à un code-barres intégré, ce qui permet une identification précise. Un suivi est également assuré pour veiller sur la consommation des services. Cependant, avant d’atteindre la dernière étape de répartition des commandes, un dernier contrôle est effectué par l’agent responsable de la répartition, dont le regard aiguisé ne laisse rien passer. « À chaque étape, les agents sont formés pour vérifier la qualité des vêtements », explique Michael alors qu’il observe attentivement les pièces qui défilent devant lui. « Les agents sont attentifs aux moindres détails, cependant il est important de signaler à la lingère lorsqu’il y a un problème de couture ou un bouton manquant car nous ne pouvons pas tout voir. Si un vêtement présente un défaut, il est envoyé à la lingère, Chrystelle, qui parfois réalise des miracles pour le réparer. S’il est irréparable, il est alors détruit, mais uniquement par la blanchisserie, qui est habilitée à le faire », explique Michael. Notre blouse blanche se retrouve alors le lendemain
matin dans l’armoire de linge propre du service, prête à l’emploi.