Hôpital de Saint-Félicien: Changeons notre regard sur les aînés


Du 30 septembre au 9 octobre 2022 se tenait la Semaine bleue, dédiée aux personnes âgées et retraités : “365 jours pour agir, 7 jours pour le dire”. Sylvie FABRY, animatrice, Célia BOIT, EAPA, Elodie DESESTRET, psychomotricienne et Déborah CORNU, psychologue, ont décidé d’agir toute l’année avec la mise en place d’ateliers à destination des résidents. Retour sur une année riche en émotions.

 

La Semaine Bleue : c’est 365 jours pour agir et 7 jours pour le dire.

Effectivement, la Semaine Bleue est une “semaine nationale des retraités et des personnes âgées”, qui a lieu chaque année la première semaine d’octobre sur l’ensemble du territoire français. Depuis 1951, la Semaine Bleue a pour vocation de valoriser la place des aînés dans la société et de favoriser les liens intergénérationnels.

Cet événement était l’occasion pour Sylvie, Célia, Elodie et Déborah, qui travaillent auprès des personnes âgées, d’organiser tout au long de l’année des temps forts qui permettent de créer des liens entre générations en invitant le grand public à prendre conscience de la place et du rôle social que jouent les “vieux” dans notre société. Il s’agit d’un programme riche avec des thématiques fortes pour briser les idées reçues sur les seniors. « C’est un projet qui a muri en pleine période Covid. On avait envie de faire quelque chose avec les résidents, les mettre en valeur, de déconstruire les idées reçues, mais… on n’arrivait pas à faire le tri dans nos idées. On s’éparpillait. Et puis, la thématique de la semaine bleue 2022 a fait écho. Le thème correspondait à ce que nous voulions mettre en place. C’était concret ! », explique Sylvie.

Des idées créatives pour lutter contre les idées reçues sur l’âge

Exposition photos, échanges intergénérationnels, expression corporelle, défilé de mode… les idées ne manquent pas. Depuis octobre, plusieurs ateliers se succèdent. Le premier portait sur « Comment être femme ? ». Une thématique abordée, d’octobre à décembre, sur 7 séances : « Qui suis-je ?, Qu’est ce qui fait de moi une femme ? Quelle est la place de la femme dans la famille et dans la société ? Comment a évolué la mode et la lingerie ? Quelle est la place de la femme à travers les chansons ? Un véritable bon en arrière vers… les débuts de la modernité. « L’évocation de souvenirs et la mobilisation de leur mémoire permettent de travailler l’estime de soi. A travers des livres, des affiches publicitaires, de la musique, de femmes célèbres ou encore l’évolution de la lingerie ; les résidentes se rappelaient par ces temps d’échanges leur expérience en tant que femme », raconte Sylvie. « Ce sont des partages très riches ». Cet atelier était volontairement réservé aux femmes afin de libérer la parole. Toujours dans l’objectif de valoriser la femme, mais aussi l’homme, Sylvie, l’animatrice, propose des instants bien-être intitulés “Boudoir et beauté”.

« Nous avons une salle bien-être où les résidents aiment se retrouver pour un moment rien qu’à eux. De l’esthétique, des massages, des soins du visage sont réalisés en individuel, afin de permettre à la personne de se détendre et de reprendre confiance en elle », explique l’animatrice, esthéticienne de métier et qui pratique le massage bien-être.

Portrait artistique, la capture de l’émotion

A l’initiative de l’équipe projet, le photographe Didier GOMILA (Ombre et Nature Photography) est venu à la rencontre des résidents lors des ateliers pour capter sur le vif, en lumière naturelle, sans mise en scène ni artifice, les moments d’expressions dans leur environnement. Des photos “volées” en ateliers, mais aussi des photos “posées” en portrait. « Nous nous sommes assurés du consentement des résidents qui souhaitaient participer, ainsi que de leurs familles. L’organisation de la séance photos a été une sacrée logistique mais ça valait vraiment le coup ! », explique Déborah. « Didier GOMILA a réalisé les clichés et a été de très bon conseil. Il a su mettre à l’aise les résidents devant l’objectif et ça se sent sur les photos ! ».

La photographie, c’était aussi l’occasion de “marquer une pause en prenant la pose”, de prendre du recul et de redonner du sens à leur quotidien. « Il y a eu de très jolis moments », raconte Sylvie. « Je me souviens de moments particulièrement émouvants. En plus des rires que nous avons partagé avec les résidents, il y a eu des pleurs. Malgré l’âge, on reste émotif, on a des sentiments. Nous avons réalisé des portraits sur le thème des émotions. Une mise en lumière artistique en noir et blanc. C’était un partage émotionnel très puissant. Pour certains résidents, se mettre en avant, se laisser aller en toute simplicité, soulève beaucoup de souvenirs. Ils étaient très touchés de se voir valorisés. Il y a eu des remerciements», explique le photographe Didier. « On arrive encore, à cet âge-là, à découvrir des choses de la vie », ajoute un résident. Une belle initiative, chaleureuse et humaniste, qui donnera lieu à une exposition photo au mois de mai, dans le hall de l’hôpital de Saint-Félicien. Cette ex- position témoigne de la richesse des Ehpads et permet de porter un autre regard sur les résidents. En résulte de magnifiques portraits.

L’intergénérationnel : une relation gagnant-gagnant entre aînés et enfants.

Pour arriver à créer un lien entre les deux générations, il faut mettre en place une certaine organisation. Il faut pouvoir faire le pont entre les enfants et les résidents. Les ateliers sont une bonne idée pour créer du lien. Lorsque la personne âgée raconte sa vie, les enfants ont les yeux écarquillés, passionnés par la vie passée du résident : son travail, son mari ou sa femme, sa jeunesse… Le bambin comprend
alors qu’il a un passé et un futur, et arrive à sortir du présent. Un partenariat a ainsi été réalisé avec l’école publique de Saint-Félicien. « Les résidents ont rencontré les enfants pour un échange intergénérationnel autour de la question suivante : qu’est-ce qu’une personne âgée ? », détaille Déborah. Un travail a été réalisé en amont avec les instituteurs. Il a été notamment demandé aux enfants de représenter la vieillesse par le dessin. Les maternelles ont ensuite échangé avec des résidents autour de la chanson et du jeu. Des instants captés par le photographe qui s’investit pleinement dans ce projet. D’autres résidents ont pu répondre directement aux questions des enfants de CP, CE1 et CE2 : Est-ce que vous choisissez vos vêtements ? Qu’est-ce que vous faites dans la journée ? Est-ce que vous aimez votre chambre ? Est-ce que des personnes viennent vous voir ? Est-ce qu’on s’occupe bien de vous ? Comment on se sent vieux ?… Certains moments ont été en- registrés et seront diffusés lors d’une exposition audio. « Nous tenons aussi vraiment à favoriser l’intergénérationnel autour d’activités. Les activités de motricité, par exemple, entre seniors et petits sont assez concordantes. Notamment, les intervenants de gymnastique douce, pour les seniors, présentent à peu près les mêmes mouvements aux enfants de maternelle », ajoute Célia.